Sans fard, l’Ouest
Aux couleurs menacées silhouettes…
Petits miroirs
Sans plus d’ami !
Défaits, les visages bleus
Des océans complices
Des mers meurtrières …
Le grand livre de l’exil
Rajoute à ses pages
Des lignes traçantes …
Le sang aux dos
Appuyés aux murs !
Et puis voici le reflet
Déporté d’un rêve.
© Patrick Berta Forgas & N.A.D.A. février 2016.
Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor :
Patrick Berta Forgas est l’un des poètes les plus féconds et les plus assidus de notre groupe .Il est continuellement présent dans mon espace de plus près de six ans. Ce qui lui a valu de faire partie des élus auxquels j’ai consacré les cinq premiers tomes de ma collection « Figures poétiques du monde ».
Mais cette omniprésence ainsi que le nombre impressionnant de ses recueils n’ont jamais altéré la qualité de ses écrits .Bien au contraire, ses capacités imaginatives hors pair concomitant avec sa longue expérience poétique qui a débuté vers 1971 l’ont aidé à se forger un style spécifique reconnaissable même en l’absence de sa signature .Et c’est, à notre avis, le seul signe crédible de la possession d’un don dans un art donné.
Ce cachet spécifique se reconnait dans l’extrême finesse avec laquelle il choisit les éléments constitutifs signifiants de ses poèmes et tisse les trames entre eux. Et ces éléments sont, pour la plupart de temps, de type connotatif et évocateur et ce, dont le but de faire participer activement le récepteur à l’élaboration de ses textes.
Dans ce poème, par exemple , où il aborde la question problématique des relations entre les êtres humains et surtout entre l’Occident( Ouest) et le reste du monde , l’auteur, part comme toujours d’un arrière-fond philosophique personnel solide basé sur la conviction que l’âme humaine est minée originellement par un mal interne qui la pousse à nuire à soi-même, à son espèce et au monde environnant. D’où son usage massif des vocables évoquant toutes sortes de violence et de brutalité dues à la méchanceté de l’homme (Sans plus d’ami – océans complices – mers meurtrières – exil – Le sang aux dos – le reflet déporté d’un rêve…), sans les relier par des liens verbaux expressément logiques, ce qui pousse le lecteur intéressé à essayer de déceler ceux qui se situent aux structures profondes afin de pouvoir saisir le sens global du texte.
Ainsi ici, par exemple, parmi les sens possibles de ce poème le rêve de ces milliers de passagers clandestins fuyant leurs pays pauvres ou en guerre qui risquent leur vie dans l’espoir d’atteindre la Rive-Nord et ou ce terrorisme aveugle qui traverse les mers pour frapper en cette même rive.
L’ossature du poème a été mise en place et c’est au lecteur de savoir bien l’étoffer .Tentez votre chance et vous ne serez pas déçus !
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