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(1)

Echo

 

Aucun écho derrière moi

Je saute dans la hyle*

Tel un crapaud

Dans un étang

 

 

*Hyle :En philosophie, le mot féminin hylé est utilisé pour nommer la « matière première » en tant que principe opposé, complémentaire ou exclusif à la forme ou à l’essence

 

(2)

Ah si j’étais

 

Les araignées te tissent

Dans l’obscurité

Ö bien-aimée

Ah si j’étais

Le gardien de ton sommeil

Dans la tombe !

 

 (3)

J’aurai un sens

 

Combien de nuits traverserai-je 

Combien de balles me transperceront 

Pour que j’aie un sens ?

 

 (4)

Invention

 

Lorsque le vide me broie

J’invente un arbre

Pour que je me réfugie

Dans la forêt

 

 (5)

Appel

 

Là-bas il y a une voix qui m’appelle…

C’est mon cœur…

Une cloche dans une forêt

 

 (6)

Combien de fois

 

Le mugissement de la musique

Les fleurs du printemps

Au moment où elles exhalent leur odeur

Mais je suis endolori et crucifié

Dans ma patrie verte

Monsieur la Messie

Combien de fois on te crucifie ?

 

(7)

 

Une mouette

 

Le ciel devient transparent

Descend jusqu’à la portée des mains…

Mon âme est une mouette bleue

Entre les bras de l’éternité

 

Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor : 

 

 

Cette série de  mini-poèmes confirme la nouvelle orientation de son auteur qui était à l’origine un poète essentiellement existentiel à tendance plutôt mystique avant que les bouleversements qui se sont produits dans le pays au cours des trois dernières années n’asseyent ses écrits sur une base réaliste,sans toucher ses traits initiaux .Cette  oscillation dans le même contexte  entre l’universel et le local, l’ontologique (qui se rapporte à l’être en tant qu’être ) et l’ontique (qui se rapporte aux objets déterminés du monde) s’est traduite, dans les énoncés ci-haut, par l’enchevêtrement de deux grandes isotopies fortement interférées : l’une renvoie aux sentiments et questions existentiels habituels qui n’ont jamais cessé de le torturer tels que  le non-sens (combien de nuits traverserai-je combien de balles mon transperceront pour que j’aie un sens ?) , le vide (le vide me broie) , l’atemporalité de l’existence   (mon âme est une mouette bleue entre les bras de l’éternité), la fracturation du Moi   ( là-bas il y a une voix qui m’appelle… c’est mon cœur…), l’idée de la mort ( Ah si j’étais le gardien de ton sommeil dans la tombe ), le mystère des origines lointaines , la sensation d’insignifiance (je saute dans la hyle* tel un crapaud  dans un étang )…etc… .et l’autre isotopie  se rapporte à la réalité explosive qui tarde à se stabiliser dans son pays et qui suscite chez lui une profonde inquiétude  (les araignées te tissent dans l’obscurité Ö bien-aimée ) et une douleur intense (je suis endolori et crucifié  dans ma patrie verte).Sur le plan stylistique, ces mini-textes se distinguent par leur haute poéticité,  gràce à  l’accumulation des connotations et des symboles et à l’épuration de la langue des sens dénotatifs

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