Rolande Bergeron

Ce que nous aimerions c’est…

Tanguer sur des sols incertains

Parer les voiles vers les lointains

Danser avec le roulis des vagues

 

En finir avec les impératifs

Briser chaînes et entraves

Courir dans de vastes plaines

Sans laisse ni collier

 

Nous aimerions voir la mer scintiller d’étoiles

 

Casser le béton dur aux pieds

En finir avec les routes asphaltées

Ouvrir nos ailes comme le font les aigles

Et piquer vers la mer pour embrasser les dauphins

 

Assez des voies ferrées   des autoroutes

Nous voulons du vert piqueté de fleurs multicolores

Assez de panneaux vantant les mérites

D’eau embouteillée et de pois surgelés

 

Nous aimerions voir la voûte étoilée briller de tous ses feux

 

Lassée des certitudes,

Nous rêvons d’hypothèses

Nous rêvons d’essais et erreurs

Et d’une réalité entre parenthèses…

 

Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor: 

 

Ce poème construit sur la dualité : ce qui est/et ce qui devrait être, nous éclaire sur un élément important de la vision du monde chez son auteure :le refus de l’état de réification auquel la civilisation moderne a réduit l’être humain, suite à la mécanisation excessive de  l’activité humaine et  aux atteintes graves à son en-soi). Le point sur lequel elle met l’accent dans l’élément négatif de cette dualité est l’asservissement (impératifs – chaînes- entraves ) qui s’est aggravé jusqu’à ce qu’il ait pris la forme de domestication ( laisse – collier ) et l’artificialité qui a dénaturé tous les éléments nécessaires à la vie (béton dur aux pieds – routes asphaltées – voies ferrées – autoroutes- panneaux vantant les mérites d’eau embouteillée et de pois surgelés ).Quant à  son contraire qu’elle a conçu sous la forme d’un rêve ou plus exactement d’un imaginaire collectif chez l’homme contemporain, elle y insiste sur la haute valeur de la Liberté aussi bien au niveau de l’action (tanguer sur des sols incertains parer les voiles vers les lointains danser avec le roulis des vagues – courir dans de vastes plaines ) que celui de la pensée  (  nous rêvons d’hypothèses -nous rêvons d’essais et erreurs et d’une réalité entre parenthèses… ) .Et en acquérant cette liberté, l’homme retrouverait  son Authenticité .Stylistiquement, la figure de style la plus dominante  utilisée dans ce texte est l’hyperbole étant la plus efficace dans l’expression des extrapolations démesurées du rêve.

 

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