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Alourdie de toi,

D’eux,

Alourdie du poème comme un brandon à la main

Tandis que l’aveu se balance  tel un cri entre le flux et le reflux

Alourdie de mon Moi étrange,

Des douleurs de cette patrie,

De la tumeur de l’arabité érodant mes os

Tandis que l’anse de l’appartenance se rétrécit autour de l’âme sans se briser

Je suis alourdie de toi

Aucun daim n’est là pour me tirer de ma solitude avec sa présence chaleureuse

Aucune mer pour contenir les vagues de la nostalgie

Aucun mirage pour allumer l’éclat dans le tréfonds

Je suis alourdie ô mon compagnon !

Comment pourrais-je arriver ?

Comment mes pieds pourraient-ils me porter ?

Qu’il est lourd cet élan !

Qu’il est lourd !

Qu’il est lourd !

Au point où le dos s’affaisse sous son poids

Quelle que soit sa robustesse !

 

Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor : 

Ecrit sur fond d’amertume intense et de confusion trouble, ce poème, conçu sous forme d’un discours plaintif émouvant, s’inscrit, par sa thématique, dans l’une des orientations principales que prend la poésie arabe contemporaine depuis l’avènement de ce qu’on a appelé « le printemps arabe ».Cette orientation que l’on peut qualifier de réaliste et critique consiste, chez une frange de poètes et écrivains, à exprimer leur peur et leur désarroi légitimes devant la dégradation continuelle de la situation dans laquelle se trouve leurs pays sans qu’il ait des signes de détente, contrairement à un autre choix dont les protagonistes ont enfourché la révolution sans y avoir participé et ont adopté la réalité telle qu’elle est, sans le moindre regard critique, dans l’intention d’avoir leur part des acquisitions de ce changement.

Partant de l’idée maîtresse de fardeau moral qu’elle a tenu à indiquer dans le titre  (alourdie), l’auteure en a généré tout au long de son poème une multitude d’éléments qui contribuent ensemble à constituer ce joug et que l’on peut diviser selon plusieurs dualités dont les plus saillantes sont :le subjectif (Alourdie de toi  – Alourdie de mon Moi étrange )/l’objectif( D’eux – Des douleurs de cette patrie), l’intellectuel(la tumeur de l’arabité érodant mes os/ Tandis que l’anse de l’appartenance se rétréci autour de l’âme sans se briser)/l’émotionnel (Aucun daim n’est là pour me tirer de ma solitude avec sa présence chaleureuse/ Aucune mer pour contenir les vagues de la nostalgie), le culturel(Alourdie du poème comme un brandon à la main)/le naturel (l’aveu se balance  tel un cri entre le flux et le reflux).

Stylistiquement, ce poème vaut premièrement par son ton spontané et sincère, ensuite par sa construction arborescente bien ajustée et sa texture rythmique élégamment élaborée,grâce surtout à la répétition presque régulière du refrain (alourdie).

 

 

 

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  1. زهورالعربي

    janvier 21, 2017 at 11:18

    عاجزة عن الشكر د.محمد صالح
    اتمنّى من الله أن يجازيك خيرا على كلّ ما تقدّمه للكلمة وعلى هذه اللّفتة التي اعتظزّ بها جدّا
    فائق التقدير والامتنان

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